La ligne à ne pas franchir : remise en cause du droit de grève

Publié le par Marie-José RAYMOND-ROSSI

Alors que le 15 mai, les personnels de l’Education nationale aux côtés des lycéens, et des parents d’élèves, ont exprimé leurs exigences pour un service public de qualité, pour la réussite des jeunes, la seule réponse du Président de la république, est la provocation.

 

Provocation qui conduit comme il en a l’habitude à jouer une partie de l’opinion contre l’autre. Le Ministre de l’Education Nationale, quant à lui, persiste dans son refus de tout dialogue social.

 

La mobilisation massive démontre l’exaspération des enseignants vis-à-vis des remises en cause successives de leur professionnalisme, du mépris affiché par le Ministre à l’égard de leurs propositions et de leurs réflexions.

 

Une telle mobilisation démontre la détermination de toute une profession à se battre pour le maintien d’un service public de l’éducation de qualité au service de la réussite des jeunes et pour le respect, la reconnaissance de leur métier.

 

Le gouvernement ne semble pas prendre la mesure du trouble et de l’inquiétude que provoque sa politique éducative.

 

Il doit accepter de mettre en place un moratoire sur son projet de nouveaux programmes du premier degré contestés par une majorité des enseignants, les organisations syndicales, les mouvements pédagogiques et associatifs.

 

Il doit comprendre que pour les enseignants du premier degré, la suppression de deux heures d’enseignement par semaine, l’externalisation et la fragilisation des dispositifs d’aide comme les RASED, l’alourdissement de la conception mécaniste des programmes, et que pour ceux du second degré, la transformation d’emplois en heures supplémentaires, les suppressions massifs de postes jettent le trouble sur le fonctionnement de l’école à la rentrée prochaine.

Loin de l’image caricaturale de professionnels qui ne voudraient jamais rien voir changé, les enseignants n’ont jamais refusé de participer à la transformation de l’école.
Ils souhaitent une autre politique éducative, une politique ambitieuse qui leur donne les moyens de travailler au quotidien à la réussite de tous les élèves.
Ils réclament d’autres choix budgétaires qui permettent une scolarisation de tous les élèves en maternelle, la mise en place de dispositifs innovants tels que « plus de maîtres que de classes », pour mieux répondre à la difficulté scolaire, le maintien d’un enseignement diversifié, le développement de la formation continue et l’accompagnement des équipes. Ils espèrent de réelles négociations et les signaux nécessaires au rétablissement d’un climat de confiance suites aux déclarations successives de Sarkozy et Darcos.

Alors qu’il ne répond pas aux revendications des grévistes, préférant occulter la réussite de cette journée d’action, le chef de l’Etat annonce le dépôt d’un projet de loi avant l’été visant, sous couvert d’accueil des élèves, à mettre en place un service minimum dans l’éducation et donc à restreindre l’exercice du droit de grève des enseignants. Les professeurs auraient l’obligation de se déclarer grévistes 48h à l’avance et les communes d’organiser un service d’accueil des élèves. L’aide financière apportée aux communes pour la mise en place de ce service minimum - rémunérations des personnels communaux chargés d’organiser une garderie - devrait se faire à partir des retenues sur les salaires des enseignants pour jours de grève.

Cette la loi sur « le droit à l'accueil des enfants dans les écoles primaires », s’imposera à toutes les communes et prévoira des "sanctions" pour les professeurs qui feraient grève sans s'être déclaré gréviste 48 heures à l'avance : "Un professeur qui ne se déclare pas gréviste 48 heures à l'avance et décide de faire grève" s'exposera "à des sanctions disciplinaires". Une telle déclaration est à l'opposé de ce qu'attendent depuis des mois les fonctionnaires de l’Education nationale.

De plus, cette nouvelle loi devrait permettre à partir du moment où la loi crée un droit nouveau, celui du droit à être accueilli, alors il deviendra possible aux représentants des enfants, autrement dit les familles, de recourir aux tribunaux en cas de non respect de ce droit, pour se le voir reconnaître".

Le gouvernement semble vouloir aller très vite sur ce sujet, le projet de loi étant actuellement au stade de la rédaction et devrait être présenté au parlement durant l’été.

Par cette annonce de mise en place d’un service minimum, le chef de l’Etat a ajouté de l’exaspération à la colère des personnels ! La ligne rouge est désormais franchie a déclaré Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU.

 

 

 

Communiqué de Henri Emmanuelli

Jeudi 15 mai 2008

Offensive grossière et choquante du gouvernement contre les enseignants

 

L’offensive brutale du gouvernement contre les enseignants, le système éducatif et la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) est grossière et choquante.

Elle n’hésite pas à recourir à des mensonges éhontés : s’il est vrai que le lycéen français coûte plus cher que celui de l’OCDE, comme le dit M. Woerth, il est tout aussi vrai que l’élève du primaire, du collège ainsi que l’étudiant en université coûtent moins cher.

Contrairement aux affirmations du Ministre du budget, le système éducatif français n’est pas plus cher que les autres ; et les enseignants qui réclament des moyens pour les autres sont beaucoup moins égoïstes que les amis de M. Woerth, qui se sont octroyés plusieurs milliards d’euros de cadeaux fiscaux pour moins de 350 000 personnes.

 

Publié dans NPS

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